Horti culture
APA 3550 - Horticulture - Professeur: Bruno GADRATref

Lutte contre les maladies des plantes

La lutte contre les maladies n'est souvent que la conséquence malheureuse de notre manque de précautions. Nous avons oublié de faire attention au sol et au microclimat qui lui convient. Elle en souffre, devient malade et le combat commence.

Avant de vouloir se lancer dans la bataille, il faut en connaître le plus possible sur la plante et la maladie. Il vaut mieux en effet mettre la plante dans des conditions qui lui sont favorable et non favorables à ses maladies. Il faut s'informer précisément de la maladie pour ne pas se tromper d'ennemi et connaître nos alliés.

Type de lutte

Prévention | Physique | Chimique | Biologique | Intégrée

La prévention

Vous devez commencer par prévenir plutôt que de laisser l'infestation s'installer. La connaissance des plantes et de leurs conditions favorables de culture est la première étape. Inutile de mettre une plante de soleil à l'ombre ou une plante de sol drainant sur un sol humide, vous courrez au devant de problèmes. Si la plante est déjà là, déplacez là ou modifiez son environnement.
Les paramètres les plus importants à vérifier en priorité sont le sol, le microclimat, les conditions nécessaires aux divers stades de la maladie, la diversité immédiate et dans le temps des plantes. On vérifiera bien évidemment les pratiques culturales qui conditionnent les points précédents. Il suffit parfois de ne plus arroser le soir mais de le faire le matin pour avoir un microclimat un peu plus sec et diminuer fortement la présence de champignons parasites. On n'oubliera pas non plus que la décision de traiter une maladie dépend de notre appréciation de la gravité de celle-ci. Un léger changement dans cette appréciation entraîne une variation substantielle de l'effort de lutte et de ses conséquences environnementales.

Le terme de lutte préventive s'applique aussi a une lutte chimique anticipée.

Lutte physique, manuelle ou mécanique

La plus ancienne, elle est encore d'actualité pour son efficacité à lutter contre tous les organismes de grande dimension. On pensera en priorité au désherbage mais aussi au ramassage des coléoptères, des larves ou encore à la dispersion par jet d'eau des plus petits insectes.
La modification des habitats et les procédés culturaux font partie des moyens de lutte physique indirects.
La simple élimination des parties atteintes est souvent suffisante pour limiter les problèmes.

Lutte chimique

Très à la mode depuis la première guerre mondiale, elle montre actuellement à la fois son extrême efficacité et ses conséquences environnementales désastreuses. Elle est encore utile si on l'utilise avec le bon produit, au bon moment, au bon endroit et la bonne dose. Quatre conditions indispensables pour éviter que les résidus ne s'accumulent en quantité toxique pour l'environnement et pour nous même. Connaissez-vous la DL50 des produits que vous utilisez et leurs vitesses de dégradation ? (DL50,LD50 en anglais, Dose Létale 50, c'est à dire la dose qui tue 50% d'une population, en milligrammes par kilo, mesurée sur des souris)

Le bon produit est déterminé par la maladie à combattre. Le nom du produit est une indication. Herbicide, insecticide, fongicide, la première partie du nom indique la catégorie visée. Il est donc inefficace d'utiliser un insecticide sur des acariens.
Il faut veiller au spectre d'action du produit. Un spectre large tuera tous les éléments de la catégorie, un spectre étroit tuera un petit nombre d'espèces. On pourra ainsi avoir des désherbant qui ne s'attaquent qu'au dicotylédones.
Le produit peut enfin agir par contact sur les feuilles ou sur les animaux. Pour les plantes, le produit peut diffuser dans les diverses organes et la sève véhiculer le poison jusque dans les racines. Il est alors qualifié de systémique. Ce qui est particulièrement utile pour tuer les champignons qui se situent à l'intérieur de la plante. Le produit peut aussi servir d'enveloppe de protection pour éviter les attaques. Ces diverses propriétés changent considérablement les techniques de mise en oeuvre du produit.

Le bon moment est déterminé à la fois par le stade de développement de la maladie qui est le plus sensible à l'action du produit et par les conditions environnementales du moment d'application et des jours qui suivent (température, vent, pluie).

Le bon endroit est déterminé par le type de produit (contact, systémique, protecteur). Il faut que le produit rencontre la maladie (souvent en dessous des feuilles) ou évite de laisser des portes ouvertes si c'est une barrière de protection. Si c'est un herbicide systémique, il ne doit pas toucher une autre plante que celle qui est visée. Le vent et la pluie sont deux facteurs importants dans les erreurs d'application des produits. Un traitement un jour de vent vient agir sur vous par contact. Une pluie après traitement lessive le produit dans le sol et dans la rivière. Le contact avec les végétaux traités est aussi toxique.

Chaque produit est efficace à la dose qui est prescrite. Son efficacité diminue dès qu'on s'éloigne de cette valeur. Mettre plus de produit n'augmente pas l'efficacité du traitement bien au contraire.

L'utilisation des produits chimiques (pesticides) est réglementé. Au Québec l'usage et la vente des moyens de lutte chimique est défini par le code de gestion des pesticides et par les règlements d'urbanisme.

Lutte biologique
La lutte biologique est la plus délicate à mettre en oeuvre car elle implique d'utiliser des organismes vivants qui se chargeront d'attaquer à la maladie. Si les conditions de mise en oeuvre sont parfois délicates (stades, transport), l'intérêt de ce type de lutte est indéniable. L'agent biologique se développe en même temps que la maladie. La dose est ainsi auto-régulée. La surpopulation du prédateur est immédiatement contrainte par la pénurie de proies qu'elle génère. Ce type de lutte ne permet pas une éradication complète d'une maladie mais permet de maintenir celle-ci dans une proportion acceptable.
Voici quelques exemples de prédateurs disponibles dans le commerce au Québec:
Proie
Prédateur
Pucerons
(sauf lanigère, des racines et galleux)
Aphidoletes aphidimyza
(moucheron indigène spécifique du puceron avec une larve orange)
Larves du sol:
Sciaride
Thrips
Collemboles
Hypoaspis miles
(minuscule mite brune pâle)
Tétranyque à deux points
Phytoseiulus persimilis
(minuscule mite orange)
Aleurode
Encarsia formosa
(moucheron exotique qui est tué par notre hiver)
N'oubliez pas que votre jardin regorge d'auxiliaires des cultures dont certains sont de vrais plaisirs à voir comme les coccinelles et les oiseaux. D'autres plus discrets sont néanmoins efficaces. L'équilibre écologique est donc la règle à respecter.

Lutte intégrée

La lutte intégrée est le rassemblement raisonné de tous les types de lutte précédemment cités pour associer à la fois des objectifs de production et des objectifs environnementaux. En mettant une emphase particulière sur la compréhension des systèmes écologiques, des plantes, des maladies et des systèmes de culture, les contrecoups des traitements néfastes sont limités au strict minimum sans pour autant voir disparaître les récoltes.
En lutte intégrée tout est important. C'est le réglage fin de tous les paramètres, y compris de notre regard sur les plantes, qui est déterminant pour le résultat. Il est important de tout noter car les mêmes causes produisent les mêmes effets et si on ne change pas de pratique d'une année sur l'autre les mêmes maladies et en conséquence les mêmes traitements se renouvelleront aux mêmes périodes (à 15 jours près). Noter nos observations et noter nos actions est donc indispensable. On utilisera avec profit la synchronicité de la nature pour nous servir de guide dans ce qu'il faut observer. Les floraisons des plantes, la température et l'humidité la nuit sont de bons indices des événements qui vont suivre.
Plus la compréhension de notre jardin est grande et plus nous pouvons agir avec précision, donc peu.

Pour se préserver un avenir

Il est maintenant urgent d'agir raisonnablement dans les jardins. La quantité de pesticides au mètre carré est d'environ deux fois celle utilisée en agriculture. C'est beaucoup trop. Dans les jardins l'enjeu de productivité n'est pas essentiel. Un regard un peu plus attentif et des exigences légèrement modifiées nous permettraient de réduire à néant ou presque l'utilisation des pesticides de la lutte chimique et de préserver ainsi notre avenir et notre santé.

 


refBruno Gadrat, m/maladie/lutte.html, 1997 - rev 07/05/2004