L'est de l'Amérique du Nord constitue le
royaume des aster et vraisemblablement leur berceau. On les retrouve
dans tout le continent américain. Selon Marie
Victorin, leur centre de dispersion serait
l'Amérique du nord septentrionale. Toujours selon Marie
Victorin, ce serait un genre en plein évolution, à
cause des passages insensibles d'un espèce à l'autre et
des fluctuations entre les espèces. De nouvelles
espèces seraient en train de se former littéralement
sous nos yeux.
L'aster, nom latin qui signifie
étoile, est une plante vivace,
très rarement annuelle, herbacée,
généralement ramifiée, à feuilles
alternes. Ses inflorscences en capitules, qui ressemblent à
des marguerites, renferment à la fois des fleurs tubuleuses et
ligulés. L'aster peut être facilement confondu pour sa
tige et son feuillage à la Verge d'or (Solidago) et pour sa fleur
à l'Erigeron
canadensis ou au Boltania asteroides.
Comme son nom l'indique, l'Aster
cordifolius L.
possède des feuilles vert foncés dentelées en
forme de coeur à la base, lancéolées a leur
bout. Près des inflorescences, en haut des tiges, les feuilles
sont plus petites, plus minces et nettement lancéolées.
Indigène au Québec, elle peut atteindre 2
mètres. Elle se couvre au milieu septembre ou au début
d'octobre d'une multitude de petites inflorescence (1 à 1.5
cm) en capitules, jaune pâles, sur un réceptacle vert
entouré d'un douzaines de sépales rose lavande. Ces
inflorescences sont réunies en grappes composées. Les
fleurs jaunes (étamines et les pistils) tournent au rose puis
au brun après la fécondation. Bien que la floraison
totale dure une à deux semaines, la période de
floraison de chaque inflorescence est plus courte.
Plante colonisatrice, l'Aster
cordifolius est une plante des prairies,
des sous-bois, des buisson et des clairières. On la retrouve
aussi en forêt. Dans les prairies on la trouve en association
avec la Verge d'or (Solidago
bicolor) et d'autres aster des champs
comme l'Aster umbellatus et la Novii-Angliae
L. Elle pousse spontanément dans
les parterres, même s'ils sont situés à l'ombre.
On en voit régulièrement dans le Haut-Outremont,
poussant dans les plates-bandes, sous les arbres, petites alors mais
remarquables.
Rustique (Zone 2), on la retrouve du Manitoba
à l'Ontario, au Nouveau Brunswick, à l'Ile du
Prince-Edward, de la Nouvelle -Écosse jusqu'au Minnesota. Aux
États-Unis elle est aussi présente en Géorgie et
au Missouri. Dans les hautes forêts des Catskill elle a
été rapporté en compagnie de la Sanguinaire du Canada, de la
Tiarelle, du
Quatre temps, et
du Solidago et
avec d'autres asters. Elle a été aussi rapporté
dans les prairies qui bordent la rivière Tennessee. Elle est
partout présente dans le Québec tempéré,
surtout à l'ouest. Selon l'abbé Joseph
Cléonique, qui l'avait répertorié en 1936 sur le
Boulevard St-Joseph à Montréal, dans les fours à
briques abandonnées de Laprairie, et dans divers sites
abandonnés du Québec (avec d'autres aster) elle serait
avec d'autres une des espèces les plus âgées de
la flore laurentienne. ...Présente
au Nord de l'Amérique
L'aster cordifolius a été le premier aster américain qui
soit entré dans la littérature scientifique. Bien que
nommé par Linné (1707- 1778), il a été la
première fois décrit et dessiné par
Jacques-Philippe Cornuti en 1635, sous le nom de Astericus latifolius automnales,
dans son livre Canadensium plantarum
historia. Dans ce livre il décrit
100 espèces du Canada dalors. Des 43 espèces
américaines décrites, 30 sont nouvelles. Cornuti
était un médecin de Paris qui n'est jamais allé
en Amérique du Nord. Il a décrit ces plantes
d'après nature. Il a vu une partie des plantes au jardin de la
faculté de Médecine de Paris dirigé alors par
Jean et Vespasien Robin. Ces plantes auraient été
amenées en France par Samuel de Champlain.
Malgré sa longue histoire l'Aster cordifolius L. est moins
connue que ses cousines Novi-Anglii et Novi-Belgii. Elle le devrait
pourtant parce qu'elle est moins sujette au blanc que ses cousines, et qu'elle a une des floraisons les plus
tardives du Québec, celle-ci se produisant en milieu septembre
et début octobre. Elle forme un beau nuage blanc lavande dans
le jardin alors que la plupart des fleurs sont depuis longtemps
fanées. La couleur brune des fleurs fécondées
interfére cependant avec la beauté nuageuse des fleurs
épanouies. L'aster cordifolié a un feuillage plus
intéressant que la plupart des aster. Elle est aussi une des
plus grande, pouvant s'élever jusqu'à cinq pieds,
nécessitant un tuteurage à l'éclosion des
fleurs. Elle attire beaucoup les abeilles. Elle est de culture facile
et semble s'accommoder de tous les sols, mais elle
préfère les sols fertiles et bien drainés, avec
suffisamment d'humidité en été.
L'abbé Marie-Victorin a répertorié deux hybrides
au Québec (A.Cordifolius X
simplex, et A.
Cordifolius X A. Puniculatus). D'autres
cultivars peuvent être plantés comme le "Aldeboran'"
haut de 2 m. aux fleurs bleus pâles, le "Elegans� de un mètre aux
fleurs rose lavande et le "Silver spray� (H. 1.2m L. 1.2 m)
Il y a un avantage
certain à populariser cette plante
au Québec. Elle est absente du catalogue Botanix. J'en ai eu
vent par le Catalogue de Marc Meloche, spécialiste dans
l'horticulture des fleurs indigènes, mais elle est aussi
produite par Indigo. Elle sera une fleur de choix pour tout jardin
cherchant à créer un effet naturel au Québec.
Elle pourra être utilisé dans un pré fleuri, en
association avec sa compagne naturelle, la verge d'or. Elle pourra
être introduite dans les plates bandes anglaises ou mixtes
à cause de sa précieuse et tardive floraison automnale.
Elle sera placée à l'arrière plan, en groupe de
trois à quatre afin de former un massif imposant donnant
l'impression d'un massif voluptueux blanc-rose.
Dans mon
jardin, elle est placée en arrière plan d'une plate bande mixte, entre un Tamarix ramosissima et des
Iris sibirica,
derrière des anémones du japon et des
hémérocalles. Elle croit rapidement, mais
malheureusement elle doit être tuteuré, ce que je trouve
étonnant pour une une fleur indigène. Peut-être
qu'en pleine nature elle ne peut atteindre sa taille optimale, mais
en culture elle est une de mes plus hautes vivaces, après
l'eupatoire et évidemment les Miscanthus.