Réf.Problèmes et solutions

La pelouse est d'apparence pauvre et maladive

Josée Froment / Bruno Gadrat - Avril 97

Problème

Une immense pelouse, exposée aux grands vents, sur un sous-sol argileux et une très mince couche de sol, a vraiment mauvaise mine. Elle a été ensemencée au départ sur une mince couche de terre noire, qui fut presque complètement balayée par le vent durant les jours suivant immédiatement l'ensemencement. Il est resté au sol une couche tout juste capable de produire et de conserver des graminées de sol pauvre. Avec les années, la situation ne s'est guère améliorée. Les seuls traitements effectués furent des applications d'herbicides et d'insecticides. Aucun amendement du sol n'a été fait depuis 10 ans. Les rognures de gazon ont toujours été ramassées au moment de la tonte et aucun système d'arrosage n'est utilisé, sauf en quelques endroits au plus fort des grandes chaleurs.

Le résultat est désastreux. Le gazon est clairsemé, le terrain s'assèche très rapidement; Il est sablonneux et très compacté. Le gazon est feutré et celui-ci ne se décompose pas. Au plus fort de l'été, le gazon est très jaune et sec comme du foin. Du reste, même quand ses besoins en eau sont comblés, le gazon reste jaunâtre. Bref, la pelouse est d'apparence pauvre et maladive.

 

Solutions

A court terme.

Il est clair qu'il faut augmenter la couche de sol pour améliorer l'aspect de la pelouse. Plus la couche de sol sera importante, plus les organismes vivants du sol (microbes, vers de terre) pourront travailler à en améliorer la structure, ce qui aura pour effet de donner un gazon en santé et de meilleure apparence. L'objectif à court terme est d'atteindre 15 centimètres de sol, et à long terme, d'atteindre 30 centimètres.

Il n'est pas possible, pour améliorer la structure du sol, de tout recouvrir de quinze centimètres de bon sol préparé. Le terrain est beaucoup trop grand, et il faut utiliser les ressources existantes pour atteindre graduellement nos objectifs.

L'observation de la pelouse démontre que le gazon devient jaune même quand il ne manque pas d'eau. La décomposition du feutre de gazon ne se fait pas; il faut donc apporter de l'azote et le fixer dans le sol en le combinant avec de la matière organique fraîche. L'azote et la matière organique, sous l'action des bactéries et des champignons, se transformera en humus. Cet humus ainsi formé permettra de transformer la structure du sol, et ce, de plus en plus profondément (humus + argile + calcaire = structure grumeleuse).

Si on veut élaborer une stratégie à court et à moyen terme à l'aide de fertilisants naturels, il faudra utiliser des engrais organiques, combinés avec le gazon déjà en place, pour constituer la base de notre amendement. Les rognures de gazon constituent une excellente nourriture pour le sol, à condition que celui-ci puisse les décomposer; sinon, celles-ci l'étouffent. Il faut donc les utiliser au mieux: couper le gazon plus souvent en périodes intenses de pousse et moins souvent en période de dormance (juillet), et ne pas faire de rognures trop longues. Il faut donc à la fois changer le calendrier de coupe en fonction des périodes de pousse du gazon mais aussi faire attention à la hauteur des coupes. On coupe quand le gazon a atteint 3 à 5 centimètres (coupé trop ras les rognures sèchent et ne peuvent pas se décomposer). Il faut en même temps ajouter de l'engrais granulaire à haute teneur en azote, pour que les bactéries puissent décomposer les rognures et les transformer en humus.

Il est aussi possible de terreauter le gazon, c'est-à-dire de lui ajouter un mélange de terre et de compost en plus des rognures de gazon; la fertilisation sera d'autant meilleure. On recommande souvent un mélange de 50% de terre à jardin et 50% de compost. On peut aérer le gazon au préalable avec un aérateur; les carottes aménagées dans le sol permettent au terreau de pénétrer à une plus grande profondeur. L'apport d'azote sera encore fait au moyen d'engrais organiques. Il ne faut pas oublier que l'azote étant très mobile dans le sol, contrairement au phosphore et au potassium, on doit préférablement en ajouter de petites doses, mais de façon régulière.

Pour conserver l'humidité du gazon, il est recommandé de l'arroser, par brumisation, au plus fort des chaleurs de l'été. Ceci évitera que le travail des bactéries ne soit compromis durant toute cette période. Toute interruption dans l'humidité au niveau des rognures de gazon interrompt le processus d'humification. Les rognures qui ne se transforment pas en humus se transforment en feutre qui étouffe le gazon.

Une façon très économique d'ajouter de l'azote à la pelouse serait d'y semer du trèfle. Le trèfle a pour particularité de produire de l'azote, contrairement aux graminées qui composent ordinairement le gazon . Les rognures de gazon ont alors la double fonction d'apport de matière organique et d'azote. Avec le temps, le trèfle et les graminées atteindront l'équilibre. Le trèfle est beaucoup plus apparent cependant que les autres composantes, il est plus dense et plus foncé, de sorte qu'à proportions égales dans la pelouse, il a l'air d'être beaucoup plus important en nombre. Il y a donc ici un choix purement esthétique à faire, en regard de ce que nous considérons habituellement comme un gazon "parfait". Il faut observer que depuis quelques années, les producteurs privilégient moins les pelouses parfaitement homogènes et offrent des semences en mélange.

A long terme.

Il faut, pour équilibrer le gazon à long terme, créer une bonne relation calcaire-humus-argile. Les apports réguliers d'humus, au moyen de terreau, de matière organique et d'azote, en combinaison avec des apports de calcaire, créeront à long terme une floculation de l'argile qui améliorera la structure du sol en profondeur. (La floculation est le processus qui transforme la structure de l'argile, de colloïdale à floconneuse, et qui assure une meilleure aération du sol). Les apports calcaire seront faits plus tard, quand le sol sera mieux en mesure de l'absorber. On pourra alors ajouter à nos amendements de la chaux dolomique ou de la poudre d'os.


Réf.