Les constructions constituent des contraintes importantes pour les plantes d'abord au niveau des racines mais aussi en changeant le microclimat.Les constructions ont des fondations et occupent de la place dans le sol. Si la plante existe avant les travaux, la construction devra préserver le système racinaire. Si la construction existe avant la plante, il faut évaluer les risques d'abord en fonction de la variation d'eau dans le sol (stabilité) et ensuite en fonction de la croissance localisée des racines (intrusion dans les fissures).
La proximité des constructions augmente le risque de piétinement du sol et donc l'asphyxie et l'impénétrabilité pour les racines. Il faut y ajouter les pratiques liées à l'équipement comme par exemple le déglaçage des routes qui apporte une teneur en sels qui déstabilise la structure du sol et empoisonne les racines ou les bourgeons (embruns).
Les constructions accentuent les extrêmes micro-climatiques et rendent la viabilité des plantes plus délicate. Les murs au soleil sont des réflecteurs et des accumulateurs de chaleur. En accumulateur de chaleur, ils ont plutôt un effet favorable sur la croissance des plantes. En revanche en réflecteurs de chaleur ils peuvent permettre un dépassement des valeurs maximales acceptées par la plante. En connaissez-vous l'ordre de grandeur ? Les vitres sont de simples réflecteurs de chaleur.
Les murs accentuent les effets du vent. En concentrant les vents, il y a accélération et renforcement du dessèchement des plantes ou augmentation du froid et des risques de gel. Le blocage complet du vent provoque aussi des effets de tourbillon néfastes pour la croissance (brassage des rameaux) et éventuellement par répercussion sur les racines. Le vent peut aussi éliminer le manteau neigeux qui est important pour la protection hivernale des plantes basses.
En ville il faut choisir des plantes qui supportent les excès de chaleur et les excès de froid. Il n'est donc pas étonnant de voir deux tendances dans les végétaux urbains. La tendance au végétal tropical qui supporte bien l'été et qui est rentré ou détruit l'hiver et la tendance au végétal des régions froides et neigeuses qui sont adaptés à de fortes variations climatiques entre le jour et la nuit. Connaissez-vous les mécanismes de cette résistance ?
Si les oiseaux peuvent importuner certaines personnes en devenant plus présents sur leur corde à linge parce que le voisin a installé un jardin accueillant pour la faune ailée, ce n'est en général pas un facteur prioritaire.
Les constructions sont toujours le résultat d'une volonté et d'un effort qui sont les deux sources principales de sa signification. La nature se contente le plus souvent d'exister si nous ne l'investissons pas de nos efforts répétés.Les constructions ont des significations plus fortes que les plantations. Abris et chaleur sont liés à l'habitation. Les constructions sont la matérialisation de l'intervention et des intentions de l'homme sur ou vis à vis de la nature. Le moindre pot, banc, fontaine, statue ou autre élément du jardin va immédiatement dominer la scène car il est placé en situation de petit élément fortement contrastant sur le fond de scène du jardin.
Si le construit occupe plus de place que le végétal celui-ci pourra prendre la vedette. C'est le cas de la plupart des petits aménagements devant les façades des maisons de ville. Dans ce cas, la valeur symbolique du construit est éliminée dans l'évaluation de la scène.
Les constructions sont souvent plus claires que le végétal et leurs formes plus nettes provoquant ainsi des contrastes visuels plus forts.Lorsque les constructions sont plus petites que la scène végétale cela les placent en sujet principal et renvoi le végétal dans le fond de scène. C'est le cas de la plupart des éléments construits dans le jardin.
L'effet des constructions est souvent estimé à environ six fois l'effet du végétal. Cette appréciation est toutefois très variable. Plus l'investissement dans la construction est fort plus le rapport est déséquilibré.
Il existe un renforcement des effets de signification par les effets de contraste sensibles. Les contrastes de texture et de couleur entre le construit et le végétal renforcent la différence entre le côté humain du construit et le côté naturel du végétal. Chaque élément est mieux classé par le cerveau et donc moins regardé.
La maîtrise de la différence de clarté entre le végétal et le construit est difficile à ajuster car on peut difficilement éclaircir les végétaux nettement plus que le construit sauf en assombrissant fortement ce dernier.La maîtrise de la forme végétale permet d'augmenter sa masse sensible. Par simplification des limites on obtient une forme plus nette et plus contrastante. La diminution du flou du bord augmente sa densité. La encore, le désavantage net au départ du végétal sur le construit est difficile à combler et mérite à la fois des efforts soutenus et un ajustement majeur de la quantité du végétal par rapport au minéral.
Les correspondances de texture et de couleur entre le construit et le végétal diminuent la présence du construit par effacement des ses limites. En réduisant sa présence sensible on n'a pas l'effet d'amplification de l'effet de signification.
L'axe homme <-> nature est un trait dominant de la plupart des jardins. C'est le sujet principal de leur représentation du monde. C'est dans cet axe que se forment les principaux contrastes et continuités révélateurs du monde représenté. On peut agir sur ce thème aussi bien à la création qu'à l'entretien du jardin. La maîtrise du jardin à ce niveau reprend les caractéristiques générales de maîtrise des significations. La signification fonctionne dans un mode de lecture verbale. Le contexte formé par l'ambiance du lieu donnera le cadre dans lequel chaque élément ajustera son sens s'il est proche de la signification générale ou sera considéré comme hors contexte s'il en est trop éloigné.
En introduisant de l'intervention humaine visible dans le végétal (ex: taille) on le distancie de la nature et on le rapproche du construit. Inversement, le flou et l'imprévu de sa forme et de sa texture augmente sa signification de nature et l'oppose au construit.
L'entretien renforce la signification de maîtrise humaine du végétal. En maîtrisant plus le végétal, il intervient dans la même logique que le construit. L'assimilation du végétal au construit par la taille diminue alors le contraste de signification des deux éléments. Mais attention cette assimilation n'est pas toujours possible lorsqu'on est sur la frontière du naturel. L'assimilation des plantes aux rochers par la taille ne diminue pas le contraste de signification des deux éléments. Cela diminue le contraste sensible en éliminant le paramètre de la forme. Le contraste de signification reste car nul ne sera dupe du contraste minéral <-> végétal qui deviendra alors dominant. Pour éliminer cet effet de signification on peut faire disparaître les vrais rochers. Le végétal devient alors le rocher.
En renforçant son aspect naturel, on situe le rapport de maîtrise du monde naturel <-> artificiel. Sans entretien, le végétal est simple nature formant un fond qui devient le support de l'action visible dans les constructions.
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