Phytorestauration
Phytorestauration et paysage - Bruno GADRAT
Érosion et plantes
Dépasser la technique pour faire un beau paysage
Importance
Avec les changements climatiques, l'industrialisation de l'agriculture
et le développement urbain, l'érosion des berges a pris une ampleur que
l'on peut difficilement ignorer. Les berges arrachées par l'eau nous
rendent le paysage désagréable. La phytorestauration, qui consiste à
planter les berges apporte une solution partielle à l'érosion mais ne
dispense pas de prendre en compte le paysage pour l'appliquer.
La bonne échelle du problème
Du raz de marrée à la gouttière de toit
La bonne échelle du problème est donnée l'eau.
Si le problème d'eau est un tsunami ou une montée de la mer, les
solutions vont être à l'échelle de l'écosystème végétal. On pense aux
mangroves, à la végétation des dunes. Chaque zone climatique et de
nature de sol va déterminer la végétations appropriée.
Si le problème d'eau est une rivière, les solutions vont être à
l'échelle du lieu. La nature du sol, la pente, la forme de la rivière
et la dureté de ses berges sont des éléments essentiels.
Le problème d'eau se rencontre aussi à une échelle très petite sous les
gouttières ou sur un bord de la maison, d'une entrée de garage. La
réfection des pentes de surfaces et la dispersion de l'énergie de l'eau
sur les points d'impacts résolvent bien des problèmes.
Le paysage comme outil de prévention
Éviter les erreurs sur l'ensemble du paysage pour diminuer les impacts
Chaque élément du paysage agit sur les autres et tous ont une
influence sur le régime des eaux. Les surfaces imperméables des
constructions accélèrent l'eau et la concentre. La réduction des zones
de ralentissement et d'absorption de l'eau, forêts, marécages, fossés
contribuent aussi au problème.
Modifier la pente du sol pour un chemin, avoir des gouttières sur le
toit, creuser un trou dans la couche d'argile pour planter un poteau,
même les actions les plus simples ont un effet. Des actions à peine
plus importantes comme la plantation ou la réalisation de surfaces
minérales modifient le microclimat.
Les effets induits sont plus difficiles à évaluer. Les animaux
participent à la modification du territoire en entretenant la
végétation par la tonte, le travail du sol ou le transport des graines.
Chacune de nos actions peut détruire ou recréer des habitats ou des
ressources alimentaires.
La vision d'ensemble du paysage est nécessaire pour savoir comment ces
effets se cummulent ou s'annulent. La beauté du paysage est souvent un
indice majeur des équilibres nécessaires à la lutte contre l'érosion.
La végétation stabilise le sol
Elle peut aussi le déstabiliser dans certains cas
Globalement plus les plantes sont grandes et plus elles retiennent
une grande surface car les racines sont plus longues. Mais les grandes
racines ne retiennent pas bien la terre. Il faut donc un peut de toutes
les plantes pour retenir à la fois la surface, la profondeur et
l'étendue des sols.
Les plantes retiennent le dessus du sol en fonction de la profondeur
des racines. Environ 15 centimètres pour l'herbe, une cinquantaine pour
les arbustes et un mètre pour les arbres. Inutile d'essayer de
stabiliser le sol sur plus profond avec des plantes.
Quelques éléments favorables
- Interception de l'énergie de l'eau par les parties aériennes de la plante
- Accroissement de la perméabilité du sol par les racines
- Transpiration par les feuilles de l'eau absorbée par les racines
- Armature du sol en place par le réseau de racines
- Piégeage du sol déplacée par l'eau dans le réseau des racines
Quelques éléments défavorables
- Accélération locale de l'eau par le blocage sur un gros tronc
- Arrachage de sol lors de la chute d'un arbre
- Débâcle après embâcle
- Accroissement du poids de la couche de surface du sol lorsqu'elle est bien distincte de la couche de dessous
Ce qu'il faut faire et ne pas faire pour revégétaliser les zones érodées
Pas de panique
Le minimum indispensable mais il en faudra parfois plus
- Évaluer l'ampleur du problème pour éviter toute solution hors d'échellle
- Bien connaître les paramètres du problème pour éviter d'agir inutilement. Il n'y a pas de recette magique.
- Rétablir la stabilité du sol. Les plantes ne contribuent que
pour environ 10% à cette stabilité. Rapidement, en première approche,
chercher une pente 1 pour 3. Plus raide il y aura trop de roche et de
compaction pour bien faire pousser les plantes sans utiliser des
stratégies spéciales. Pensez à protéger le chantier par une barrière anti-sédiments
et à demander les permis et conseils nécessaires. Une bonne
planification vous fera économiser beaucoup en argent et en
environnement.
- Semez et plantez immédiatement. N'attendez pas que la pluie
viennent ruiner votre travail. Vous pouvez compléter la protection
immédiate par des tapis anti-érosion.
- Entretenez la végétation. Couper les gros arbres qui ne font
plus d'effet, maintenez le couvert végétal en le complétant au besoin.
Éviter un entretien qui sélectionne un seul type végétal. Gardez des vues pour trouver la berge belle.
Des techniques de contrôle de l'érosion
Les connaître pour bien les choisir
Uniquement par des plantes
- Culture sans labour en laissant les débris de récolte sur le sol. Zone de vent et dans les zones trempées mais sans courant.
- Matelas de branches vivantes (1,5m et plus) recouvertes de sol pour
bouturer en place, dans le sens de la pente ou incliné en fonction du
courant. Berges.
- Fascines de branches vivantes tenues par des pieux plus ou moins
enterrés dans des rigoles en travers de la pente. Bien enterrer les
bouts. Les branches sont attachées ensembles pour avoir 5 centimètres
de diamètre minimum. En attachant les branches sur place on peut faire
de grandes longueur. Talus
On peut insérer des fascines de branches mortes dans le sol pour faire
un drainage et enfouir du carbone. On peut même faire un drainage en
plaçant des graviers dans le coeur de la fascine. Plaines ventées et
innondées
- Ligne de boutures. Forme une haie dont les troncs sont serrés. Peut
ensuite être renforcée par un entrelac de branches. Petits talus, zones
ventées.
- Cordons de plantation dans des rigoles. Des rigoles suivant les
courbes de niveau sont plantées avec des arbustes ou des boutures. Les
rigoles permettent de briser l'écoulement d'eau. Pentes avec écoulement
de surface. Le sol doit être perméable.
- Clôture de branches vivantes. Entrelac de branches vivantes sur des
piquets vivants et morts. Bien enfouir les bases des entrelacs.
Utiliser des piquets morts pour aller chercher de la stabilité et des
piquets vivants entre eux. On peut faire un réseau de clôtures
disposées en croisillon pour couvrir des surfaces plus importantes.
Plaine ventée.
- Grillage de branches vivantes. Les branches sont attachées
ensembles pour former un grillage à très grandes mailles. Il peut
former des cages. Les piquets qui servent à le fixer et les rangées du
bas sont enfouies dans le sol. Rives et talus.
- Terrasses plantées de bois vivant. Installation par couches
successives au moment de la construction du talus. installation des
butures longues avec un angle vers l'arrière.
- Terrasses armées par du bois mort et plantées. Une couche de
10 centimètres de terre recouvre l'armature. Les arbustes et
boutures sont installés par dessus et eux même enterrés. Installer
l'armature avec une pente vers l'arrière. Permet d'aller chercher plus
d'épaisseur de terre à stabiliser mais travaux importants dans le sol
en place. Climats humides et sols à particules fines.
- Bermes plantées. Pour aller chercher au plus vite la végétation
définitive. Plantations en terrasses inclinées vers l'arrière et
modelage superfichiel du sol. Climats humide et sols favorables.
Techniques mixtes avec des plantes
- Tapis anti-érosion avec semis. Vérifier la durée de décomposition
et la facilité de germination en fonction de la fibre et des alvéoles
du matelas.
- Tapis anti-érosion avec semis et boutures. Couper le tapis pour planter les boutures.
- Tapis anti-érosion avec semis et plantations. Couper, écarter et rabattre le tapis pour faire les plantations.
- Empierrement et plantations, utile pour les zones avec fort
courant. Ça vaut le coût de dépasser la difficulté de l'installation.
- Gabions et plantations. Prévoir dès le début car sinon la végétation est difficile à installer.
Techniques sans plantes
- Tapis anti-érosion à déconseiller seul mais utile avec végétation. Attention à l'installation et à la sensibilité aux UV.
- Empierrement libre. Dimension des blocs à ajuster pour former le
pavage en fonction de la force des courants. À long terme il se
recouvre de végétation.
- Gabions. Rapide mais effet esthétique douteux sans végétation ou alignement de couleurs de pierre.
- Murs à déconseiller car ils accélèrent le courant.
Bruno Gadrat
2008 Rev: 2009/10/15
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