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Bruno GADRAT, gadrat/t/taille/taille.html - 18/01/1998 rev 03/03/2000
Pour les arbustes et les arbres il ne faut pas confondre la tonte, la taille et l'élagage.Lorsque l'on coupe les jeunes branches à des endroits choisis au cas par cas à l'aide d'un sécateur, on parle de taille. Si on coupe à la cisaille sans se soucier de la position exacte de la coupe mais uniquement de son alignement général, on parle de tonte. Si on utilise une scie pour couper des grosses branches on parle d'élagage.
Quand on coupe la flèche, c'est à dire la tige principale verticale de l'arbre, il repousse deux ou trois (parfois plus) tiges qui prennent l'ascendant. L'arbre forme plusieurs troncs. Si l'arbre est peu vigoureux, la flèche supprimée n'est pas remplacée et les branches qui poussent on des caractéristiques de branches latérales.Si vous voulez conserver la forme naturelle de l'arbre et que sa flèche a été perdue par bris ou par coupe, il faut redresser une branche verticalement et réduire les branches sous-jacentes pour qu'une seule prenne le maximum de sève et reforme le tronc.
Les branches restent à la hauteur où elles naissent. Si vous coupez la flèche, vous arrêtez la croissance en hauteur de l'arbre et vous provoquez un vieillissement de l'arbre.
La coupe des branches de l'année relève de la taille et non de l'élagage mais vous aurez probablement les deux opérations à effectuer dans votre jardin. À chaque fois que vous le pourrez, préférez la taille à l'élagage pour former vos arbres car les jeunes branches cicatrisent mieux que les grosses.La facilité de cicatrisation de la plaie dépend de sa position par rapport au noeud
La répartition de la sève et les tissus de la plante sont légèrement différents dans les noeuds et à proximité. Juste au dessus d'un noeud les tissus sont denses et la sève est attirée par les bourgeons. Une coupe à cet endroit cicatrisera facilement. Au milieu d'un entre-noeud les tissus sont grossiers et la sève peu ou pas présente. Cette partie au dessus du noeud va dessécher et ensuite pourrir. Si cette portion qui reste sur l'arbre est suffisamment solide, la pourriture va gagner le reste de la branche et peut descendre dans le tronc.
Avec un sécateur, il faut couper les rameaux avec la contre-lame appuyée sur la partie qui reste. La contre lame écrase les tissus sur lesquels elle s'appuie et ceux-ci meurent. Il est donc préférable que se soit la partie qui tombe qui soit écrasée plutôt que celle qui reste sur la plante.Les outils à lame et contre-lame font les coupes les plus nettes. Dans les outils qui frappent le végétal pour le couper, ceux qui ont une lame affûtée coupent plus nettement que ceux (fil ou marteau) qui ne misent que sur la vitesse du coup pour effectuer l'ouvrage. Plus la coupe est nette et plus les risques d'infections sont faibles.
Sur les pousses de l'année, les bourgeons peuvent facilement être manipulés par la taille
Ce sont les seuls bourgeons vraiment actifs. Ils réagissent immédiatement à la variation d'apport de sève provoquée par la taille. Les bourgeons trop faiblement alimentés, qui ne se sont pas développés, régressent. Les bourgeons qui ont régressé deviennent très difficile voir impossible à ré-activer.Ils pourront parfois être réveillés par un traumatisme au système végétatif. La régression des bourgeons est plus ou moins rapide selon les espèces végétales.Seules quelques espèces (ex: taxus) ont la faculté de reformer facilement des bourgeons sur du vieux bois. Elles sont assez rares et vous obtiendrez toujours de meilleurs résultats en vous concentrant sur les bourgeons de l'année.
Certaines espèces comme les Pinus ne supportent la taille qu'à des moments et endroits très précis. On peut réduire les chandelles de l'année du tiers ou même des deux tiers lorsque les aiguilles sont encore collées sur la tige. D'une façon globale, les conifères à aiguilles sont les plus délicats à tailler. Mais les pins sont particulièrement délicats.
Les grosses branches ne repoussent pas ou tout du moins pas au même endroit et avec la même proportion. La structure de la plante est obligatoirement changée. Voir élagageRajeunissement. Les plantes ont la particularité de pouvoir redonner des structures de jeunesse sur du bois adulte. Certaines pratiques permettent d'obtenir ce rajeunissement. Deux stratégies sont possibles: le ravalement et l'éclaircissage. Le deuxième préserve une certaine continuité visuelle mais donne moins d'énergie aux repousses. Si la plante n'est pas retouchée, elle reprendra une forme typique de son espèce.
La taille n'est pas une nécessité biologique de la plante. Les végétaux ont de mécanismes de régulation de leur branches en fonction de la lumière disponible. Si on taille c'est pour obtenir une effet particulier qui correspond à notre envie de voir la plante ressembler à ce qu'elle doit être productive, saine, fleurie, régulière, écologique,...L'hygiénisme dans le jardin est un héritage particulièrement important dans les actions actuelles d'entretien. De nombreuses recommandations des ouvrages (même récents) ont uniquement ce but. Les recommandation vont même parfois, par doctrine, à l'encontre du but recherché. Quand on recommande de répartir les grosses branches d'un arbre et par voie de conséquence de supprimer une grosse branche qui serait trop proche d'une autre, on applique une opération symbolique d'aération même si on sait qu'une grosse branche cicatrise mal et a donc toutes les chances de s'infecter.
Dans les opérations hygiénistes de taille on s'arrange pour faire disparaître toute maladie ou dépérissement. Dans une végétation naturelle les branches qui ont le moins de lumière meurent. Ce qui est insupportable pour un arbre "sain", il faut donc couper les branches avant qu'elles ne meurent.
En multipliant les branches on favorise le dépérissement des branches surnuméraires et donc l'aspect malade de l'arbre. On rend aussi le feuillage plus sombre ce qui va à l'encontre de la symbolique hygiéniste.La symbolique écologique se satisfait pleinement de la maladie en tant que preuve de l'activité biologique et de la diversité des espèces. Supprimer les branches et les possibilités de bois morts c'est à coup sûr faire régresser des espèces d'oiseaux comme les pics.
En productivité, si on taille pour avoir peu de fleurs on aura peu de fruits mais ils seront gros. La quantité de sève disponible se répartira dans les organes qui vont la consommer. Si on a peu de fruits à nourrir, il seront en conséquence plus gros.
C'est un héritage important de l'art des jardins. On taille les arbres pour les rapprocher de la symbolique d'arbre, c'est à dire un tronc surmonté d'une boule environ deux fois plus haute. Réduit à sa forme symbolique, l'arbre représente tous les arbres. Dans la tradition des jardin on retrouve également quelques formes classiques (rideau, haie portée, marquise). Moins utilisé en occident mais caractéristique de l'art du Bonzaï, on taille l'arbre pour lui donner une forme révélatrice d'une expression paysagère ou légendaire.Un arbre a une belle forme d'arbre lorsque son tronc mesure un tiers de sa hauteur. Ce sont les mensurations canoniques que l'on retrouve dans la plupart des ouvrages.
On peut donner à peu près n'importe quelle forme par la taille. C'est tout l'art du topiaire, issu de l'art des jardins romains. Il faut toutefois se souvenir que la sève descend très mal et que le bois lignifié est cassant. Les branches descendantes sont moins vigoureuses que les branches ascendantes et donc moins productives en végétation. Vous regarderez les arbres pleureurs et vous remarquerez que les nouvelles pousses ne partent pas des parties pendantes mais s'établissent à la base des rameaux récents sur des parties encore proches du haut de la plante.
Surveillez les périodes de taille et la stratégie de coupe.