La plante possède plusieurs logiques de formes. Certaines permettent de la décrire comme la forme naturelle ou la silhouette d'autres d'agir sur la plante pour la transformer comme la forme symbolique ou la forme horticole.
La forme naturelle de la plante est dépendante du type biologique de la plante et des variations que peut lui faire subir son environnement. On pourra donc distinguer une forme biologique, issue de la génétique des plantes et une forme réelle de l'individu soumis aux contraintes de son milieu.Les types biologiques sont peu nombreux. C. Raunkiaer (1905-1934) en a proposé une classification pour la flore tempérée. C. Edelin de l'université de Montpellier a développé cette description pour la généraliser à l'ensemble des végétaux et est à l'origine d'une description qui est maintenant utilisée pour reconstruire la forme de la plante dans le logiciel AMAP. Aux types biologiques ont été ajoutés des paramètres liés au contexte pour assurer une plus grande conformité avec la réalité. Voir les principaux types biologiques gadrat/f/forme/type-biologique.html.
Les biologistes qui étudient la phyllotaxie des plantes cherchent à en comprendre les régularités et à les modéliser dans des formules de description mathématiques. Il est étonnant de constater que les symétries des plantes sont souvent sur des répétitions d'ordre 2, 3 ou 5 mais que l'on trouve des symétries plus complexes comme la disposition des graines de tournesol fondée sur deux séries de spirales lévogyres et dextrogyres sur des répétitions d'ordre 89 et 144. Plus étonnant encore est de constater que ces régularités dans les plantes sont à 90% des nombres de la suite de Fibonacci (1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144, 233, 377,... chaque nombre est la somme des deux précédents) ou à des stratégies d'occupation maximale de surface disponible (loi d'Aboav-Weaire) avec le moins d'énergie possible donnant des formes proches de l'hexagone. Ces symétries simples une fois combinées nous apparaissent comme très complexes. La géométrie fractale très utilisée pour modéliser la forme des plantes permet d'introduire facilement une invariance de la forme aux différentes échelles dans la mesure même de l'objet. Cette ressemblance à diverses échelles et donc distances de perception est particulièrement répandue dans la nature.
La forme naturelle nous est particulièrement sensible par les directions des rameaux qui donneront plus tard les branches principales. C'est la structure de la plante. Le bourgeon terminal du rameau permet l'allongement de celui-ci dans son axe. La dominance de la flèche par rapport aux rameaux latéraux donne la silhouette générale de l'arbre élancé ou étalé. L'autre point très sensible est le bord de cette forme générale de la plante, l'aspect de son contour qui conduit à produire la texture de la plante.
Les principales variations naturelles de cette forme biologique sont dues au climat (gel de bourgeons, casse de branches) et à la densité de l'ensemble végétal qui crée une concurrence pour la lumière et la nourriture. voir gadrat/a/air/airref.html
Chaque individu végétal possède donc une forme originale et unique dépendant de sa nature et de son contexte tant naturel qu'anthropique. Ce sera la forme réelle du végétal celle avec laquelle nous constituons nos jardins.
Modification de la forme naturelle par le vent
- Nanification, tonte des plantes. le vent dessèche les bourgeons et tond ainsi les plantes. pour résister dans les zones fortement ventées les plantes adoptent un port en coussinet qui les protègent d'une trop grande dessication.
- Port en drapeau, lisière. En bord de mer on observe le port en drapeau des arbres. Toutes les branches sont entraînées d'un seul côté de la plante et semble flotter en permanence dans le vent même lorsque celui-ci a cessé. La plante a pris définitivement la forme que le vent lui impose.
Modification de la forme naturelle par la neige et le verglas
- Casse des branches.(voir La pluie verglaçante a brisé les arbres)
- Tronc en crosse. le manteau neigeux en glissant sur les pentes entraîne les jeunes arbres qui se couchent à la base du tronc puis se redressent au dessus de la couche neigeuse. Le port en crosse est caractéristique des montagnes.
Les formes ne doivent pas être confondues avec les dimensions. Un cercle reste un cercle qu'il fasse 2 milimètres ou 3 kilomètres. Toutefois la dimension est un paramètre trop important de la réalité des formes du jardin pour ne pas en parler ici en attendant de lui consacrer une page spéciale.Volume
Le volume d'une plante est apprécié par une association de la complexité de la forme végétale à un volume géométrique plus ou moins simple. La géométrie euclidienne a longtemps dominée et domine encore notre compréhension géométrique du monde. Les formes associées au végétal sont donc des volumes à dimension entière comme la sphère, le cône, l'uf. Notre compréhension des géométries non-euclidienne est bien trop jeune pour que nous puissions associer des plantes à des fractales.Le volume de la plante est essentiellement rempli d'air. Nous pouvons grimper dans un arbre. La partie solide de la plante est en très petite quantité par rapport a la place occupée et elle n'est pas placée exactement au même endroit d'une plante à l'autre. Le tronc peut être au centre ou sur le bord de la couronne de feuillage.
Le volume occupé par la plante est une notion importante car elle est en relation avec la dimension de l'espace dans lequel la plante se situe. L'échelle du lieu est en jeu.
Silhouette
La silhouette est la forme bi-dimensionnelle issue du volume de la plante lorsqu'elle est regardée à contre-jour. Cette silhouette est caractéristique de la plante et permet de différencier au premier coup d'il deux espèces différentes. Les silhouettes sont souvent représentées l'hiver de façon à rendre visible la structure du tronc et des branches. Entre l'hiver et l'été les deux éléments plus variables sont la "transparence" (porosité) et la forme du contour. La dimension interfère avec la silhouette car elle donne la mesure relative des diverses parties de la plante. Lorsqu'elle n'est pas présente par une référence quelconque, la silhouette peut correspondre à plusieurs plantes.Dans le dessin qui suit sauriez-vous reconnaître les plantes (liste de noms juste après le dessin) qui peuvent être associées aux silhouettes et celle qui ne le peuvent pas
Carya ovata, Quercus pedunculata, Quercus robur Fastigiata, Populus nigra Italica, Quercus rubra, Acer saccharum, Acer saccharinum, Tilla americana, Carpinus caroliniana
Dans la silhouette les caractéristiques les plus importantes sont
- La dominance apicale, qui induit la prédominance du tronc et le rapport entre la hauteur et la largeur de la plante.
- Les angles des branches principales
- Les angles des branches secondaires (les formes de jeunesse)
- La dispersion des rameaux fins sur le bord de la silhouette. (grosseur, nombre et répartition plus ou moins concentrée sur la périphérie, par paquets)
- La hauteur du tronc par rapport au houppier
- La direction des rameaux de l'année.
La silhouette permet de confondre en un seul bloc un ensemble d'objet éloigné de nous. Les arbres peuvent se fondre dans un alignement, un bosquet pour former une figure linéaire ou massive. En contre-jour cette forme noire se distinguera facilement sur le clair du ciel. La brillance des rameaux est essentielle pour détacher les branchages d'un fond sombre.
Plus la masse est transparente et plus le détail des contours intérieurs prennent de la valeur et inversement plus la masse est opaque et plus le contour externe est valorisé.
La forme symbolique de la plante est à la fois un signe qui nous permet de la reconnaître et un moteur important pour la transformer en ce qu'elle doit être pour pour correspondre à ce que nous pensons d'elle. Voir aussi signe et symbole.
Cette forme symbolique peut représenter un concept très large comme les arbres, les champignons, la haie ou plus étroit comme par exemple un arbre vénérable battu par le vent.Les conséquences de la forme symbolique sont très importantes dans les jardins et les diverses utilisations décoratives puisqu'elles motivent un certain nombre de nos actions sur le végétal et en particulier les caractéristiques de son entretien et la forme qui doit en résulter.
Principales caractéristiques de la forme symbolique du végétal et conséquences au jardin
- La forme symbolique n'a pas de dimension On reconnaîtra facilement dans ce dessin un arbre feuillu, un conifère, un champignon, un arbuste et un palmier pourtant tous ces signes ont la même dimension et cela ne nous pose aucune difficulté car ce qui est représenté c'est notre idée d'un arbre feuillu, d'un conifère, d'un champignon, d'un arbuste ou d'un palmier mais pas la plante réelle. Chacun sait qu'un champignon est plus petit qu'un arbre. Cette caractéristique n'est donc pas essentielle pour le symbole. Dans le jardin on pourra tailler des arbres à 1,5 mètres ou 3 m de haut pour dire notre idée de l'arbre en général. La dimension n'a pas d'importance du moment que ce symbole ne pourra pas être confondu avec un autre. En revanche on ne pourra par le tailler n'importe comment. Il devra former un signe reconnaissable. Le rapport de dimension des signes entre eux n'intervient que s'ils sont placés dans un même ensemble significatif et qu'il y a une clef de décodage des dimensions par exemple produite par une exagération de la distorsion de dimension. Voir aussi echelle.html
- La forme symbolique est active sur la forme réelle de la plante. Le signe formé par la plante doit être correctement tracé pour être identifiable. La forme réelle doit donc être remodelée périodiquement pour rester lisible.
- La forme symbolique de l'arbre correspond à sa silhouette simplifiée. La silhouette de la plante est caractéristique de celle-ci. En cumulant toutes les silhouettes dans notre esprit, il s'en dégage une forme générale qui devient caractéristique de l'ensemble. Si l'ensemble est très diversifié comme par exemple les arbre, il ne reste que quelques caractéristiques très essentielles comme le tronc et le feuillage formant une boule au dessus. Les détails de la ramure sont trop précis pour entrer dans la forme symbolique. De même les variations importantes de la diversité des espèces ne peut être prise en compte dans une grande catégorie Les espèces les plus immédiatement utiles forment la base principale pour en déterminer le signe. Un conifère est associé à un cône unissant ainsi les branches recourbées des Picea et les branches en plateau des Abies dans la forme globale de l'arbre. Le détail des textures, des moments, des variations de toutes sortes sont éliminées dans la formation du signe mais pas du monde que le symbole regroupe. Les champignons ont un chapeau car c'est dans ce groupe de forme que l'on rencontre les meilleurs comestibles et les champignons toxiques que l'on va ramasser. La forme symbolique correspond donc à de nombreuses espèces de plantes regroupées en un tout qui organise notre compréhension du monde.
- La forme symbolique se lit dans un ensemble. C'est un symbole qui existe par lui-même mais qui prend sa signification précise dans l'ensemble des signes rencontrés successivement ou visibles simultanément dans le jardin. Le contexte de ce symbole permet de fixer son interprétation et son application. Elle fait appel à une logique du symbole patiemment acquise et développée autour de nos expériences.
Voir aussi signification.
Les végétaux sont formés en pépinière pour ressembler à ce que le client attend et pour offrir une normalité facilitant le commerce. Recherchez les diverses formes dans votre catalogue de pépinière et allez voir les plantes dans les centres de jardin.Essayez de retrouver les caractéristiques des:
- tige
- demi-tige
- gobelet
- quenouille
- palmette
- drapeau Marchand
La forme ne peut pas être définitive en pépinière. La plante continue de grandir et cherche à reprendre sa forme naturelle dans la mesure du possible. Elle garde néanmoins les traces visibles de tous les changements de forme apportés dans sa vie.Le jardin comporte des formes de plantes et d'ensemble de plantes en voici quelques exemples
- cône
- boule
- haie
- bordure
- pain de sucre
- rideau
- haie portée
- marquise
Pour les formes complexes tondues régulièrement on parlera de topiaire. On pourra s'aider d'un dendroscope
Formes de dendroscope proposées dans l'art de tailler de Georges Truffaut
utilisation du dendroscope
La visibilité de la forme est une reconstitution de notre cerveau à partir des informations lumineuses captées par notre il et de la compréhension que nous avons de la forme et de son interaction avec le rayonnement lumineux.
La texture est la forme de la surface. voir gadrat/t/texture/texture.htmLa souplesse des rameaux de l'année est un paramètre essentiel de la texture de la ramure, la direction des feuilles et leur finesse de limbe des paramètres principaux de la texture du feuillage. Pour les plantes grimpantes, la structure de la plante est souvent peu perceptible car elle suit la forme de son support. La forme d'une plante grimpante doit donc être considérée de façon pratique comme équivalente à la forme de son support. De ce fait, ses jeunes rameaux et ses feuilles fixent ses textures d'été et d'hiver avec plus de force.